Est-ce qu'avoir un chat augmente le risque de maladies mentales ?

Au cours des dernières années, les chats ont de plus en plus attiré l'attention des médias en raison de nombreuses études scientifiques indiquant qu'une infection à Toxoplasma Gondii (T. Gondii) est liée à des problèmes de santé mentale, notamment la schizophrénie, le suicide et le trouble intermittent de la rage. Puisque les chats domestiques sont les principaux hôtes de T. Gondii (c’est-à-dire qu’ils fournissent un environnement dans lequel ce parasite peut se reproduire), on suppose souvent que la propriété de ces chats peut exposer les personnes à un risque accru de maladie mentale.

Cependant, seule une poignée de petites études ont trouvé des preuves pour soutenir un lien entre posséder un chat et des troubles psychotiques, tels que la schizophrénie. Et la plupart de ces enquêtes ont de sérieuses limites. Par exemple, ils se sont basés sur de petits échantillons, n’ont pas précisé la manière dont les participants ont été sélectionnés et n’ont pas dûment tenu compte de la présence de données manquantes et d’autres explications. Cela peut souvent conduire à des résultats qui naissent du hasard ou qui sont biaisés.

Pour remédier à ces problèmes, nous avons mené une étude utilisant les données d'environ 5 000 enfants ayant participé à l'étude longitudinale Avon sur les parents et les enfants entre 1991 et 1992. Depuis lors, ces enfants et leurs familles ont été suivis afin de recueillir des informations sur leur santé. , ainsi que sur leurs conditions démographiques, sociales et économiques.

Ainsi, contrairement aux études précédentes, nous avons été en mesure de suivre les personnes au fil du temps, de la naissance à la fin de l’adolescence, et de remédier à un certain nombre de limites des recherches antérieures, notamment la prise en compte d’autres explications (telles que le revenu, la profession, l’origine ethnique, surpeuplement) et en tenant compte des données manquantes.

Nous avons étudié si les mères qui avaient un chat pendant leur grossesse; quand l'enfant avait quatre ans; et âgés de 10 ans, étaient plus susceptibles d’avoir des enfants ayant déclaré des symptômes psychotiques, tels que paranoïa ou hallucinations, à l’âge de 13 et 18 ans. Bien que la plupart des personnes présentant des symptômes psychotiques à l'adolescence ne développent pas de troubles psychotiques plus tard dans la vie, ces symptômes indiquent souvent un risque accru de tels troubles et d'autres maladies mentales, y compris la dépression.

Les chats sont-ils mauvais pour la santé mentale? Probablement pas.

Nous avons constaté que les enfants nés et élevés dans des ménages comprenant des chats à n'importe quelle période (grossesse, début et fin de l'enfance) ne présentaient pas de risque plus élevé de symptômes psychotiques à l'âge de 13 ou 18 ans. Cette constatation dans un grand échantillon représentatif n'a pas changé lorsque nous avons utilisé des techniques statistiques pour prendre en compte les données manquantes et les explications alternatives. Cela signifie qu'il est peu probable que nos résultats soient expliqués par le hasard ou biaisés.

Bien que cette conclusion soit rassurante, il existe des preuves liant l'exposition à T. Gondii pendant la grossesse à un risque de fausse couche et de mort-naissance, ou à des problèmes de santé chez le bébé. Dans notre étude, nous ne pouvions pas mesurer directement l'exposition à T. Gondii. Nous recommandons donc aux femmes enceintes de continuer à éviter de manipuler de la litière sale et d'autres sources d'infection à T. Gondii, telles que des viandes crues ou insuffisamment cuites, ou des fruits et légumes non lavés. . Cela dit, les données de notre étude suggèrent que le fait de posséder un chat pendant la grossesse ou dans la petite enfance ne présente pas de risque direct pour les enfants présentant des symptômes psychotiques plus tard dans la vie.