Le cannabis serait le traitement le plus efficace contre l’endométriose

Les participantes disent qu’il calme la douleur, les problèmes gastro-intes­ti­naux, les nausées, l’an­xiété, la dépres­sion et même l’in­som­nie


Une étude australienne a révélé que les femmes considèrent le cannabis comme le traitement le plus efficace contre l’endométriose. Mais beaucoup ont été obligés de l'acheter sur le marché noir, en raison de lois strictes en matière de cannabis.

Le cannabis médical est l’un des traitements les plus efficaces pour les symptômes de l’endométriose, selon une nouvelle étude récemment publiée dans le Journal d’obstétrique et de gynécologie du Canada (JOGC).

Cette étude a été réalisée auprès de 484 Australiennes âgées de 18 à 45 ans ayant subi un diagnostic chirurgical d'endométriose, une affection inflammatoire chronique qui touche environ 10% de toutes les femmes en âge de procréer. L'endométriose peut causer de la douleur, de l'infertilité et des problèmes gastro-intestinaux. Beaucoup de femmes rapportent qu'elles ont encore des problèmes avec ces symptômes même après avoir subi une intervention chirurgicale ou pris des médicaments traditionnels.

On a demandé aux participants s’ils utilisaient des techniques d’autogestion pour traiter les symptômes de leur maladie qui n’étaient pas utilisés par les médicaments traditionnels. D'autres questions ont porté sur les types de techniques d'autogestion utilisées, sur leur efficacité et sur les éventuels effets indésirables liés à l'autogestion.

L’étude indique que 76% des personnes interrogées ont déclaré avoir utilisé des techniques d’autogestion au cours des six derniers mois. La plupart des répondants (70%) utilisaient des compresses chaudes pour traiter leurs symptômes, mais d'autres se sont tournés vers des changements alimentaires (44%), de l'exercice (42%), du yoga et du pilates (35%) ou du cannabis (13%). Pourtant, bien que le cannabis soit le choix le moins populaire en matière d’autogestion, les femmes qui l’utilisaient le considéraient comme la technique la plus efficace.

"Les femmes rapportent une bonne efficacité du cannabis dans la réduction de la douleur et d'autres symptômes, avec peu d'effets indésirables signalés", ont écrit les auteurs de l'étude. Les sujets qui ont signalé des niveaux de douleur plus élevés étaient plus susceptibles de consommer du cannabis que ceux souffrant de symptômes moins graves. Les femmes qui ont consommé du cannabis ont également signalé une diminution des problèmes gastro-intestinaux, des nausées, de l'anxiété, de la dépression et de l'insomnie. Environ dix pour cent des consommateurs de cannabis ont signalé des effets secondaires mineurs, notamment une somnolence, une anxiété et une accélération de la fréquence cardiaque.

Les chercheurs pensent que le cannabis pourrait réduire les symptômes de l'endométriose grâce au système endocannabinoïde (ECS). L'ECS est l'un des principaux systèmes de régulation de l'organisme, contrôlant le métabolisme, l'inflammation, la fonction immunitaire et de nombreux autres systèmes biologiques. On sait que le système de reproduction féminin comprend un grand nombre de récepteurs aux cannabinoïdes, qui peuvent être directement affectés par la consommation de cannabinoïdes comme le THC ou le CBD.

Les médecins australiens sont actuellement en mesure de prescrire du cannabis à des fins médicales par des voies réglementées qui autorisent une utilisation limitée de médicaments non approuvés. Mais en 2017, lorsque cette enquête a été menée, ce type d'accès n'existait pas et les femmes qui participaient à l'enquête utilisaient probablement de l'herbe obtenue du marché noir pour traiter leurs symptômes. Cela limite les conclusions de l’étude, car les chercheurs ne savent pas quels types de produits de cannabis les femmes utilisaient, ni quelle est leur puissance.

«La législation australienne exige actuellement que l'usage légal du cannabis à des fins médicales suive des voies spécifiques et réglementées qui limitent la prescription par cette méthode; Cependant, la consommation illicite de cannabis déclarée par les autorités reste relativement courante chez les femmes australiennes atteintes d'endométriose », ont conclu les chercheurs. «Des recherches cliniques supplémentaires sont nécessaires pour déterminer l'efficacité du cannabis dans la gestion des symptômes de l'endométriose. Dans les régions où le cannabis à usage médical est plus accessible, il existe peu de preuves de son efficacité clinique avec les symptômes associés à l'endométriose. "

Il convient de garder à l’esprit que l’illégalité du cannabis en Australie au moment de l’étude a probablement eu une incidence sur les chiffres de ce rapport. Comme l'a montré la légalisation en Occident, les gens sont plus à l'aise pour dire la vérité sur leur consommation de cannabis quand elle est légale. Il est donc possible (lire: probable) que plus de 13% des Australiennes atteintes d'endométriose prennent des médicaments à base de cannabis pour aider à faire face à la douleur et à l'inconfort causés par la maladie.